• Tout est une affaire de pression. Moi, délégué habituellement adepte de la négociation diplomatique, avait décidé pour cette fois de laisser mes gentils camarades s'occuper de notre professeur d'anglais.

    Attaquer tout de suite, se révolter ouvertement devant l'injustice que présente cet oral. Pour cela, utiliser des arguments aussi divers que la perte de temps qu'il engendre, son inefficacité, ou encore la possiblité de le faire plus tard, et sur un autre crénau que le mercredi après-midi. Attendre que le professeur, jusque là convaincu de la pertinence de sa méthode, commence à montrer des signes de doute. Alors calmer un peu le jeu, afin de ne pas l'énerver.

    Il convient que toute la classe n'est pas d'avis que les perturbateurs-flemmards-qui-veulent-pas-bosser, aussi il est nécessaire de limiter leur temps de parole. Tout d'abord, leur parler: cela évite qu'ils ne s'adressent au professeur. Ensuite, sortir l'inébranlable argument de la majorité, car il est peu probable que plus de la moitié de la classe ne soit motivée pour un tel exercice oral; dans le cas contraire, la majorité est composée de "faibles" qui n'auront pas le courage de s'exprimer ouvertement face aux perturbateurs-flemmards-etc...

    Le professeur, toujours dans le doute, cherche alors des alternatives. Il est souhaitable de soumettre des propositions qui aient une certaine valeur aux yeux du professeur, et s'engager avec une bonne volonté feinte dans la promesse de faire ce qu'il aura décidé, en remplacement de cet oral. En effet, il sera toujours temps de faire marche arrière ensuite, l'ex-date fatidique étant passée.

    Pour donner à tout cela un caractère démocratique - certes illusoire, mais le professeur n'en a pas conscience - il faut clore la discussion sur un vote à main levée. Les quelques courageux qui auront décidé de s'opposer aux perturbateurs-flemmards ne la lèveront pas bien haut, les autres se ralliant au camp adverse (à contre-coeur sans doute, mais dans le but de ne pas courir le risque de conséquences fâcheuses) par lâcheté, donc. Les perturbateurs réussissent ainsi à annuler l'oral, en contrepartie d'un travail supplémentaire qu'il sera toujours temps de ne pas rendre, ou du moins en retard...

    Décidément, Machiavel est encore à la mode.

    Nico


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  • La tête enfoncée dans mon oreiller, j'essaye désespérément de trouver une motivation sérieuse qui puisse me faire sortir du lit. La radio s'est déclenché depuis plus d'une demi-heure, branchée comme d'habitude sur "france-info"; comme d'habitude j'ai pu écouter les gros titres, le journal, la météo, la rubrique sport, le sujet au hasard, puis de nouveau les gros titres, la ribrique télé, la rubrique musique, puis de nouveau le journal, à la fin duquel le présentateur a annoncé l'interview de Philippe de Villiers dans les minutes suivantes. Encore à moitié endormi, signe d'une nuit un peu trop courte, j'essaye d'écouter l'homme politique répondre aux questions du journalistes. D'un coup, une phrase me fait frémir.

    «La France va mal: tout autour d'eux les gens voient des usines fermer, des mosquées se construire, et le porte-monnaie se vider.»

    Non je ne rêve pas. Philippe de Villiers vient prononcer cette phrase. Estomaqué, la tête enfoncée dans mon oreiller, je l'écoute débiter son discours d'homme d'extrême droite. Disant notamment que l'islamisme et un danger pour la France, en arguant que le nombre de mosquées a multipmié par je-sais-plus-combien en quinze ans... L'interview se termine et fait place au "jingle" de la revue de presse. Tout à fait réveillé, j'éteins brusquement la radio, et reste allongé dans le silence, seul avec mes pensées.

    Mes pensées, c'est surtout cette phrase à vrai dire. Quels rapports entre les conséquences de la mondialisations (usines qui ferment), le pouvoir d'achat qui baisse (porte-monnaie qui se vide) et... les musulmans?? Certes, c'est un discours typique d'extrême-droite, mais c'est bien la première fois que j'entends un homme politique s'exprimer aussi crûment. Même Jean-Marie Le Pen a l'habitude d'adopter des formules plus diplomatiques, du moins avec les médias à forte audience!

    Que dire de l'amalgalme - beaucoup plus grave qu'une simple opinion! - des musulmans et de l'islamisme! Que l'islamisme (et j'entends par islamisme le côté extrêmiste) soit un danger pour la France, certes. Mais que l'augmentation du nombre de mosquées en soit un signe, non! Entendrait-il par là que toutes les mosquées sont des lieux où est prêchée la violence au nom d'Allah? C'est grave, très grave.

    Nous sommes en démocratie. La liberté de pensée et d'expression sont des acquis fondamentaux. Tout homme a le droit d'exprimer ses opinions. J'espère simplement que cette phrase ne sera pas oubliée...

    Il me fallait une bonne raison pour sortir du lit.

    Bienvenue à toi, Ô âme égarée en perdition sur ce blog...

    Nico


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