• J'irai au bout de mes rêves, promis

     

    7 juillet 2007. Soulac.

    « Michel, t'es aux chiottes?
    - Oui
    - Tu as le dentifrice?
    - Oui. »

    La joie du camping. La simplicité, le partage, le naturel. Début juillet, et le camp est presque vide. Une partie des "bénéficiaires" sont des retraités, cherchant le calme et le soleil. Pas de chance, les nuages persistent (good bye soleil), et on a débarqué en famille (good by calme).

    Le camping et les beaufs. L'un ne va pas sans l'autre. Déjà la semaine passée, lors de notre périple normand, avions-nous eu affaire avec ma moitié, à quelques spécimens de taille. La famille Bidochon d'abord, qui nous avait tenu la jambe pendant une demi-heure, sous prétexte que nous habitions le même département (saleté de plaque d'immatriculation!) et qu'ils avaient parcouru le monde (ben tiens..). Ou encore ces trois couples qui n'avaient décollé de leurs éternelles chaises autour de leur non-moins éternelle table, ne se déplaçant que pour se protéger, eux, chaises et table, de la pluie en squattant "l'espace vaisselle".

    Ici, au bord de l'Atlantique, notre couple de voisin n'est pas mal non plus. Le moustachu et la secrétaire. Le moustachu n'est pas bien grand, a le crâne dégarni et porte la moustache. Marcel blanc, short ultra-court beige, sandales. Il ne parle pas. Ou se contente de grommeler quelques mots, de temps en temps, à sa chère et tendre épouse. Elle est encore moins loquace que son mari. Jamais un mot ne semble sortir de sa bouche. Sauf lorsqu'elle s'éloigne pour téléphoner, et alors (Ô surprise) la conversation s'éternise! Le moustachu et la standardiste ne parlent donc pas aux autres (ni bonjour, ni bon appétit, non, que neni), mais ne semblent pas communiquer entre eux non plus. Ils passent des heures entières assis l'un en face de l'autre, à lire livre ou journal ou pire, se regarder lire. Sans un mot, le calme, la sérénité. Et parfois, quand il leur arrive de bouger, c'est pour mettre la table sur laquelle trônent en évidence, de façon bien ordonnée, la nappe à carreaux, le vin, le fromage et la baguette de pain (en revanche, pas de trace du bérêt..). De temps en temps, quand même, ils sortent voir le monde. A vélo. Détail qui compte: le moustachu et la secrétaire ont trois vélos. Quand on est beaufs, on ne l'est pas à moitié.

    Je déteste le camping, ces beaufs, ces marcels, ces shorts beiges, ces joggings roses ou verts fluo des années disco, symboles d'une jeunesse délavée. Je déteste cette ambiance trop simple, trop mièvre, où l'on se souhaite le bon jour à tout bout de champ, et où l'on partage l'innénarable apéro ponctué des trépidantes anecdotes de sa non-moins trépidante vie de guichetier, de secrétaire de bureau ou d'électricien, ou encore celles de son beau-frère lorsqu'on a fait le tour de sa misérable vie. Où l'on dort le matin, où l'on bronze l'après-midi, et l'où on danse le soir.

    Ma vie sera agitée, improvisée, inattendue, surprenante. Je pars donc. Il est plus que temps de déserter les sentiers battus. Partir loin d'ici, loin de ces chemins tout tracés et d'une petite vie confortable. Mon premier défi, ma première étape, ma première véritable destination, mon premier défi. Dans trois semaines et demi, j'y serai. En attendant, je continue ma semaine de "retraite". Dormir, lire, courir. Un peu de tennis, foot, baignades. Peut-être écrire, aussi. Mais ne voir personne. Ne rencontrer personne. Passer mes soirées en famille, ou seul avec un livre. Après une année aussi agitée, rien ne fait autant de bien.

     

     

     

    28 juillet 2007. A la banque.

    « Signez ici. »

    Je regarde mon dossier. Mon nom, mon adresse, ma profession, ma situation. Il y est inscrit "expatrié".

    Au fond, j'y suis déjà.

    J-3

    Nico


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