• Fin des vacances

       Travailler dans une ville qui bouge, à l'activité intense et incessante, procure de nombreux avantages - pour déjeuner, make shopping, aller à la bibliothèque et diverses autres activités futiles... Mais parfois, on regrette sa natale campagne.


       Ce trajet, tu le fais tous les jours. A la sortie du centre commercial, il y a toujours cette vieille femme habillée de guenilles, courbée, qui te tend son chapeau en prononçant d'un ton suppliant et d'une voix chevrotante "s'il-vous-plaît monsieur". Près d'elle, souvent un éducateur au regard complice échangeant cartes postales contre un peu d'argent pour permettre à des gamins défavorisés de partir en vacances. Parfois aussi John d'Oeuf et son énorme noeud papillon jaune, vendant ses petits recueils de blagues.


       Plus loin, sur la place de la fontaine, t'attends Bidendum - tu l'as ainsi surnommé dans ta tête, à cause de son gros manteau gris. Celui-ci se contente de te tendre la main accompagné d'un "bonjour monsieur" souriant. Une sans-papier-sans-domicile-non-plus guette, près de lui, le moment où tu repartiras de la boulangerie, la précieuse monnaie dans ta poche. 


       Enfin, sur le parking, avant le pont, le vieil homme joue son plus bel air sur un accordéon défraîchi, tout en te saluant de la tête. Et si tu as le malheur de lui rendre son coup de tête, alors il prend un air suppliant désignant son chapeau, posé à terre devant lui. Un petit air de métro... à quelques kilomètres de paris.


       Ces appels quotidiens, incessants, suppliants ne te laissent pas indifférent. Mais tu ne peux décemment pas, situation professionnelle inexistante qui plus est, te débarrasser de ces pièces qui, à toi aussi, te sont bigrement utiles. Et le jour où, par bonté d'âme ou par grandeur morale, ou plus simplement par encombrement de la poche concernée, tu as cédé quelques sous à une main tendue vers toi, tu peux être sûr que dorénavant cette personne se précipitera sur toi à chaque fois que vos chemins se croiseront.


       Mais cette situation ne te laisse pas indifférent. Tu as honte de cette masse de travailleurs et étudiants dédaigneux qui, regards fuyants et visages fermés, ignorent ces miséreux. Même si tu n'as pas d'argent, tu as ton sourire. C'est peu mais déjà beaucoup.


       Et c'est là qu'est le drame. Après leur avoir décoché un petit sourire gêné, accompagné d'un petit "bonjour", tu sens leur regard se fixer sur toi. Ils reprennent de plus belle leur credo suppliant: "s'il-vous-plaît, s'il-vous-plaît", ou encore "un petite pièce, même une petite.." Tu hoches la tête négativement en continuant ton chemin. C'est alors que tu te fais fusiller du regard, coupable de ne rien avoir donné. Ton sourire s'efface et tu te mords les lèvres.


    Maintenant, moi aussi je marche avec le regard fuyant et le visage fermé. Tant pis pour eux.


    Et vraiment, on était mieux, au bord de la mer.


    Nico


  • Commentaires

    1
    Mardi 30 Janvier 2007 à 23:54
    c'est tellement agréable...
    es gens qui sourient dans la rue! ici c'est presque naturel, tu peux rire a la blague de quelqu'un qui t'accompagne et croiser le regard puis le sourire d'un passant. peut-etre que, plus il pleut, plus les gens sont heureux? :-)
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    2
    Mercredi 31 Janvier 2007 à 21:10
    non non
    C'est pas partout comme je viens de décrire.. c'est juste CE fameux parcours.. bizarre non?
    3
    tif
    Vendredi 2 Février 2007 à 19:31
    travailler c est trop dur ...
    mmmmmmmm oui ct bien la mer :)
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